On s’approprie une image pour diverses raisons : un thème qu’elle viendrait enrichir, le renfort inattendu d’un travail en suspend, pour la soustraire du flux et pouvoir la reconsidérer, pour un détail. C’est ainsi, par ponctions et par attributions successives que se constitue parfois une réserve. Elle n’est pas énergétique : rien à attendre d’une transformation partielle ou en bloc. Elle n’est pas non plus opérationnelle : aucune jauge pour évaluer sa valeur. La réserve est un appui instable : à la fois disponible pour la visite et impropre à la consultation, elle permet de distribuer des places sans contrepartie. On a l’assurance de détenir ce que l’on cherche, mais le cheminement pour y accéder s’est déplacé.

Imaginons maintenant une réserve de cette nature disposée sur une seule surface : un bureau, où tout doit nécessairement se convertir pour y figurer. Rien n’est laissé au repos et au hasard : cet endroit fonctionne par tâches et applications, ses parcours précèdent toujours la marche et il est capable de stocker les traces de tout ce qu’il génère.

Ce film se propose de mettre en jeu le rapport entre cette surface organisée, mobile et sans résistance, et des réserves, forcément orientées.